À L’OCCASION DE SON SECOND ANNIVERSAIRE, LE BAL PRÉSENTE LE TRAVAIL DE PAUL GRAHAM, FIGURE MAJEURE DE LA SCÈNE PHOTOGRAPHIQUE BRITANNIQUE CONTEMPORAINE.
Exposition produite en partenariat avec la Galerie Les Filles du Calvaire à Paris et la Pace/MacGill Gallery à New York.
Quelques mois après la rétrospective que lui a consacrée la Whitechapel Gallery de Londres et le Museum Folkwang à Essen, LE BAL présente deux séries de Paul Graham : Beyond Caring (1984-85), travail réalisé au début de sa carrière, dans les bureaux de la sécurité sociale britannique sous Margaret Thatcher et The Present (2011), exposée pour la première fois en France, dernier volet d’une trilogie américaine initiée avec American Night (1998-2002) et A shimmer of possibility (2004-2006).
Avec Beyond Caring, Paul Graham inaugure au milieu des années 80 une nouvelle forme de commentaire critique, enracinée dans la grande tradition britannique de l’enquête sociale et régénérée par l’usage inédit (et polémique) de la couleur. Se voyant refuser l’autorisation de photographier dans les salles d’attente des services sociaux débordés par l’afflux de 10 millions d’usagers, Paul Graham déclenche sans viser, l’appareil posé par terre ou sur un siège à côté de lui. Les cadrages aléatoires, aux lignes fracturées des corps résignés, accentuent le sentiment d’aliénation.
Inventer un nouveau langage photographique sur un sujet tel que « le chômage » relève d’une stratégie délibérée : « Mon intention était de prendre les tropes les plus éculés du photojournalisme et de les faire entrer à coups de pieds et avec des pleurs dans une nouvelle ère photographique. Aller jusqu’au coeur épuisé des choses et lui redonner vie. »
Hommage à la photographie de rue et à ses grands maîtres américains – Harry Callahan, Lee Friedlander, Garry Winogrand – The Present honore la frénésie de la rue new-yorkaise et son flux cacophonique de personnages, enseignes, signes et gestes. Dans ce défilement ininterrompu, Paul Graham prélève deux images que sépare un court instant : une scène et son double immédiat se livrent sous forme de diptyques (ou triptyque).
Ainsi confrontées, les images révèlent des affinités inattendues et fortuites entre deux moments. L’instant décisif se déplie. Les allers et retours d’une image à l’autre nous invite à appréhender ce qui se joue entre elles. S’aiguise ainsi notre conscience de l’éphémère alchimie du réel. L’extraordinaire de l’ordinaire. La complétude du trivial.
Analyse politique incisive de la société américaine, The Present est au même moment une exploration du médium photographique en tant que langage. Son propos tangentiel est plus elliptique que démonstratif. La conscience des autres et des choses constitue le thème dominant de la série ainsi que l’attention aigüe au réel qu’elle requiert pour s’établir.
Paul Graham a reçu le Prix international pour la photographie 2012 de la Fondation Hasselblad et le Deutsche Börse Photography Prize en 2009.